Une partie de pétanque

La pétanque telle qu’elle est pratiquée dans notre région est un jeu plein de surprises et de rebondissements. Spécialement quand on participe à un concours.

Dans un club, tout le monde se connaît. Nous connaissons les bons joueurs, les joueurs moyens et les joueurs médiocres.
Nous savons qu’un tel est gaucher, que celui-là prend son temps, et que celle-ci a mauvais caractère.
Mais tout ça, comme dirait Daniel Guichard, on le sait déjà.

Quand on s’inscrit pour un concours dans un autre club, on ne sait rien de tout cela.
On connaît bien quelques joueurs mais beaucoup sont des inconnus qui peuvent se révéler redoutables sur le terrain.

IMG_0083 - Version 2Il y a deux ou trois ans, ma copine Sabine et moi avions décidé de faire front commun et d’affronter ensemble les vilains d’un autre club.

En sports d’équipe, pour obtenir une chance raisonnable de succès, il est nécessaire d’entretenir une certaine complicité, souvent basée sur l’humour.
Bien que le rire soit universel, l’humour de différentes régions peut être très dissemblable.
Sabine et moi, étant tous les deux originaires de la région parisienne, parlons le même langage et avons un sens similaire de l’humour.
Tout devrait donc baigner dans l’huile.

Pour en revenir à nos moutons, nous repérons les noms de nos adversaires sur le tableau d’affichage et partons à leur recherche.
Et c’est la surprise. L’homme est manchot du bras droit, et sa partenaire (aux formes plus que généreuses) se déplace en chaise roulante électrique. Il semble qu’elle soit incapable de marcher.
Masquant poliment notre étonnement, nous nous serrons la main et tirons à pile ou face pour déterminer qui choisira le lieu de notre duel.

Ils gagnent et choisissent (par malice ?) un terrain isolé, rocailleux et difficile a souhait. Seraient-ce des vicieux ? Ils n’en ont pourtant pas l’air…
Nous devrions n’en faire que quelques bouchées.

Nous commençons à jouer, et à la première main nos adversaires marquent trois points.
La femme évolue facilement sur le terrain grâce à sa voiturette et lance ses boules en position assise. Elle est remarquablement précise.
L’homme porte un petit sac en bandoulière. Il y garde ses boules et les envoie de la main gauche quand c’est son tour de jouer. Il est poli et d’une nature très agréable.
Il réfère constamment à sa plantureuse epouse par “my beautiful wife ».

A la deuxième main, ils marquent deux points.
A la troisième main, ils marquent deux autres points.
Nous en sommes maintenant a zéro a sept en leur faveur.

La honte, me dit Sabine en pouffant nerveusement.
La honte indeed ! Nous sommes en train de nous faire massacrer par un manchot et une infirme !
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?

Perdre contre de bons joueurs n’a rien de déshonorant, mais perdre contre des invalides…
Si nous sommes battus et si la nouvelle se répand (il y a tellement de mauvaises langues) nous allons être la risée du club.
Nous serons probablement obligés de déménager, de changer de noms et d’avoir recours a la chirurgie esthétique.

Il faut nous ressaisir !
Eperonnés par la honte et le désespoir, nous reprenons petit à petit du poil de la bête.
Nous sommes bientôt a égalité et finissons finalement par l’emporter treize a huit.

Ouf ! Nous avons eu chaud aux fesses.
J’en ai presque fait pipi dans ma culotte m’a dit Sabine

Méfiez vous des manchots et des femmes plantureuses ou sans ça vous pourriez être bons pour le « Witness Protection Program ».

Alain

 

One thought on “Une partie de pétanque”

  1. It seems to me that you do not translate certain pieces. They tend to be some of your best mon ami. Luckily, I have Patrick to translate the finer details. Great article:))
    A+ Shannon

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