Je suis chasseur d’images.
Je chasse le gros, le petit et l’extrêmement petit.
Je chasse le Yeti, le daim et la libellule.
Mais mes proies favorites sont avant tout les bipèdes, les humains, tous ces figurants de notre grande comédie humaine.
Il n’y a pas besoin de permis pour la chasse aux images. C’est encore un des rares plaisirs qui ne soit pas imposable. Mais pour combien de temps encore ?
En France, en cette période d’austérité, ces bougres de Socialistes n’hésiteraient pas à fiscaliser ce menu plaisir si ils en avaient l’audace.
Mais je digresse…
Quand l’humeur me prend, je pars à la chasse le nez au vent et la caméra en bandoulière.
Contrairement a la chasse aux animaux (cette horreur) ou a la pêche, il n’y pas de « saison » ou de quota pour un chasseur d’images.
L’on peut chasser a satiété et il n’y a que la fatigue qui mettra fin a une traque.
En campagne, je suis toujours à l’affût du cliché insolite, « candide » comme diraient les Américains. Ce moment privé où les humains mettent bas les masques et dénudent leurs âmes.
Dès qu’ils perçoivent l’intrus cependant, ils se ressaisissent et remettent leurs visages de convenance. L’instant magique est passé et si cliché il y a, il ne reflètera plus qu’un sourire ou une grimace figée. A mettre au panier.
Pour prendre de bonnes photos, il faut appuyer sur la détente avant que la bête ne détecte votre présence. Une seconde d’hésitation et la belle image, comme un daim surpris, disparait.
Pour les sujets anxieux, mieux vaut prendre quatre ou cinq clichés en rapide succession. Comme les balles d’une arme automatique, un cliché fera peut-être mouche et capturera peut-être l’essence du sujet.
Ma battue terminée, je rentre à la maison, j’ouvre ma gibecière et j’examine mon gibier.
Un tri rapide pour éliminer les mauvaises prises et le travail commence.
Chaque cliché est examiné d’un œil critique et évalué.
Tout ce qui n’est pas jugé satisfaisant va au panier
Chaque cliché est ensuite bichonné, retaillé, maquillé.
La perfection n’existe pas, elle se crée.
Le lendemain j’examine a nouveau ma collection a tête reposée et quelques photos qui hier encore me paraissaient acceptables vont encore rejoindre leurs semblables au panier.
Quand je suis satisfait du résultat final, j’épingle mes photos sur un mur électronique et invite les badauds à venir apprécier mes efforts.
Etre chasseur d’images est infiniment plus satisfaisant et éthique qu’être tueur d’animaux sans défense.
Si chasser vous devez, choisissez un appareil photo au lieu d’une machine a tuer, et régalez vous des couleurs infinies de la faune et la flore de votre région.
Alain